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Wednesday, September 17, 2014

Station 2 Station : le parfum de l'ennui (13)

Ligne Verte. Station St-Laurent. Mercredi. 8h30.

Les portes du métro s'ouvrent et une masse de gens fait sont entrée dans le wagon déjà généreusement trop garni. L'Arche de Noé continue d'accueillir divers échantillons de la race humaine parmi ses rangs : des gros, des grands, des petits, des maigres, des blancs, des noirs, des jaunes...

L'air ambiant est assaisonné dans toute sa splendeur par le spectrum de ces épices envoûtantes...

Parmi le lot, une femme à la posture imposante se fraye un chemin dans la marée des passagers.

Il n'y a pas que sa taille qui soit imposante, mais également le fardeau de la vie qu'elle porte sur ses épaules : des sacs d'ordures avec toute sa vie tapissée au fond, des couvertures (souillées), des bottes attachées autour de sa taille. On aurait dit le pendant féminin de Robinson Crusoe, version trash urbano-dékadente...

Les gens en ont peur. Ils se tassent. Les journaux d'échappent sur le sol. Les cafés se renversent sur les tailleurs blancs des femmes d'affaires pincées qui hurlent en voyant leurs derniers achats en provenance de chez Holt Renfrew souillés par ces liquides chauds perturbants. Certains en profitent pour débarquer comme certains se sont lancés en bas de la tour brûlante le jour de 9/11...

Pas moi. Je reste à ma place. Debout. Je ne bouge pas d'un seul cheveux. Last man standing dans l'arène à l'approche du taureau fou. Pis je porte du rouge en plus, fuck!

Comme dans le naufrage du Titanic, elle s'approche de moi, passe tout tout près de moi, ses artifices nauséabonds m'akkrochant au passage, crevant se faisant l'hymen invisible de ma bulle matinale, exposant ainsi mon vrai moi au visage de l'humanité...

Comme un dix-roues sur une autouroute glacée, elle pivote sur elle-même, fait un méga u-turn et stationne son popotin hippopotamien sur le pauvre petit banc de plastik situé à deux pas de moi et qui n'avait jamais auparavant expérimenté un tel supplice.

Nos regards se kroizent et se lock comme dans les films d'horreur. Nos yeux prisonniers les uns dans les autres. Quelle surprise lorsque j'entends une toute petite voix douce faire son chemin parmi toutes ses épaisseurs de spleen pour s'exkuser de m'avoir accroché au passage. Une fonation insolite et d'une douceur insoupçonnable, comme tenu du personnage duquel elle émanait...

Soudainement, les ténèbres s'éclaircissent, l'air se purifie. Les effluves de vomissures, de regret et de mélankolie sont gaiement remplacées par un jardin de rose, un bouquet de lilas ainsi que par un panier de pêches au fumet enivrant...

Son parfum de l'ennui avait été distillé par le diffuseur de mon acceptation... J'en étais grandi, mis à niveau dans ma kompréhension de la face cachée de la race humaine, quelle qu'elle soit...

Karnet 32/ BOT 2014.2

-30-

Muzik pairing :

Rock'n' roll pauvreté - Jean Leloup





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